Tout comme l’Homme, le chien est un animal qui vit et s’épanouit en collectivité. C’est ce qu’on appelle être « grégaire » et cette tendance à vouloir faire partie d’un groupe est ce qui nous permet d’assurer tant notre survie que notre bien-être. De ce fait, la solitude représente une situation inhabituelle et antiphysiologique pour tout individu grégaire qui induit un état d’anxiété de séparation plus ou moins important selon le cas.

L’importance de l’apprentissage de la solitude repose sur le principe d’enseigner à votre chien à ne plus appréhender ces situations et à s’auto-réguler lors de moments de stress. Dans cet article, nous parlerons de ce qu’est l’anxiété de séparation et comment l’aborder pour améliorer votre quotidien et, surtout, aider votre chien à mieux vivre ces situations anxiogènes.

L’anxiété de séparation c’est quoi et comment la reconnaitre ?

L’anxiété de séparation chez le chien, également connue sous le nom de trouble de l’anxiété de séparation (TAS) ou persistance de l’attachement primaire, est un problème comportemental courant chez les chiens qui se caractérise par une anxiété ou une détresse émotionnelle importante lorsque le chien est séparé de son ou ses propriétaire.s.

L’anxiété de séparation s’exprime différemment d’un individu à un autre et peut être plus ou moins difficile à gérer au quotidien. De manière générale, les chiens souffrant d’un trouble d’anxiété de séparation présentent un ou plusieurs de ces comportements :

  • Destruction ;
  • Aboiements excessifs ou vocalises ;
  • Uriner ou déféquer à l’intérieur, alors même qu’il est parfaitement propre lorsque le propriétaire est présent ;
  • Agitation ;
  • Tentatives de fuite, cela peut s’exprimer sous forme de destruction dans le sens où le chien essaie de creuser ou de détruire une paroi pour s’échapper et rejoindre son ou ses propriétaires.
  • Perte d’appétit : Certains chiens perdent leur appétit en l’absence du propriétaire ;
  • Hyperattachement au quotidien ;
  • Automutilation, se lèche ou se mord excessivement pouvant causer des blessures ;
  • Hyperexcitation à l’arrivée du propriétaire.

Ce qu’il est important de comprendre est qu’il ne s’agit en aucun cas de vengeance ou de caprices de la part de votre chien ! À l’inverse, celui-ci vous exprime l’état de détresse important dans lequel il se trouve lors de vos absences et tente de s’apaiser et/ou de vous rejoindre.

Remarque : Aucun de ces comportements n’est spécifique d’un trouble de la séparation et peuvent être causé par une multitude d’autres pathologies ou traits de caractère (ennui, pulsion reproductrice, trouble neurologique, trouble hormonal, …). C’est pourquoi une consultation avec un.e vétérinaire comportementaliste est toujours recommandée pour gérer au mieux ce type de situation.

Quelles sont les causes de l’anxiété de séparation et existe-t-il des races prédisposées ? 

Le rejet de la solitude est naturel chez le chien tout comme chez l’Homme. L’anxiété de séparation prend donc ses fondements dans cette recherche physiologique du groupe et d’un environnement animé par la présence d’autres individus qui lui sont proches. De ce fait, tout chien de toute race est susceptible de souffrir de l’isolement. Toutefois, certains chiens en viennent à développer un réel trouble handicapant qui se caractérise par un état de grande détresse et une incapacité à réguler ses émotions en cas d’isolement.

Les causes du trouble d’anxiété de séparation sont nombreuses et il serait impossible de les lister de manière exhaustive. Néanmoins, parmi les causes les plus fréquentes nous retrouvons : un sevrage précoce ou inadéquat, un traumatisme de l’abandon (chien récupéré d’un abandon), un trouble anxieux généralisé (propre à l’individu dont les causes sont également nombreuses), la non sensibilisation à la solitude.

GUIDE PRATIQUE D’APPRENTISSAGE DE LA SOLITUDE

Ce dont votre chien a besoin pour accepter la solitude et mieux vivre son anxiété de séparation :

1. Un lieu sécurisant qui lui est dédié : c’est votre chien qui doit le choisir et non vous qui le lui imposez. Le choix de l’endroit où il se sent le mieux sera basé sur son confort physique et psychique. Pour l’aider, le mieux et de lui fournir un panier douillet et des jouets dans une même zone. Cette zone ne doit pas être au milieu d’une pièce ou dans un lieu trop agité. Veillez également à ne pas oublier de l’eau à proximité.

2. Un apprentissage progressif basé sur la désensibilisation : votre chien doit comprendre et intégrer qu’un au revoir n’est pas un adieu. Pour cela, pensez « PEPAS » : 

  • Prévoyance : contrairement à beaucoup d’idées reçues, donner de l’affection à votre chien avant de partir lui permet de prévoir votre départ et de réduire son stress situationnel. Les causes du stress sont nombreuses mais l’incapacité à anticiper une situation anxiogène en est une majeure. Pour aider votre chien à mieux gérer la solitude, préparez-le à votre départ avec un rituel spécifique (prendre ses clés, dire « à tout à l’heure », mettre ses chaussures,…). Votre chien comprendra alors les signaux de votre départ et n’anticipera plus chaque situation comme un départ potentiel ce qui diminuera son état d’anxiété global.
  • Enrichissement : offrez à votre chien des jouets qui l’occuperont pendant votre absence. Le mieux est de lui offrir plusieurs jouets d’occupation qui demandent une attention prolongée comme les tapis de fouille, les tapis de lèche, les jouets à fourrer congelés (comme les jouets Kong®, réputés pour leur solidité à toute épreuve), etc. L’enrichissement de son environnement durant vos absences comblera non seulement son ennui mais diminuera également son niveau d’anxiété. C’est pourquoi il est important de choisir des jouets que votre chien aime particulièrement et, si possible, que vous n’utiliserez que lors de vos absences. Dès lors, celui-ci aura une raison d’apprécier être seul : il pourra jouer avec un jouet qu’il adore ! Attention toutefois à choisir des jouets sûrs et résistants pour éviter toute destruction et ingestion potentiellement dangereuses pour sa santé.
  • Progressif : laissez votre chien seul dans une pièce familière pendant quelques minutes. Puis, progressivement, prolongez cette durée d’isolement provoqué. Assurez-vous de respecter une évolution très progressive et surveillez tout comportement ou signe de stress exprimé par votre chien. Si celui-ci montre des signes d’anxiété durant ces absences provoquées, diminuez le temps d’isolement et reprenez plus progressivement.
  • Amis : votre chien est un animal social. De ce fait, il n’appréciera jamais être laissé seul, d’autant plus durant de longues heures. Ne négligez pas l’importance d’un compagnon de vie de même espèce pour votre chien : les chiens aiment vivre avec leur.s propriétaire.s mais, pour la très grande majorité des cas, ils aiment également pouvoir partager des moments de vie avec leur congénères et s’amuser entre chiens. Si l’éventualité d’adopter un autre chien est possible pour vous, n’hésitez pas !
  • Services : de nombreux services de soins aux animaux et de garde de chiens existent partout en France et à l’étranger. Les tarifs sont aussi variés qu’il existe de dogsitters et de garderies canines. Faire garder votre chien par un.e dogsitter lorsque vous ne pouvez le faire vous-même représente l’une des meilleures alternatives possibles à l’isolement pour votre chien.

Conclusion

L’anxiété de séparation est l’expression naturelle d’un état de stress important induit par une situation de solitude inhabituelle vécue par votre chien. Pour aider votre chien à mieux gérer cette situation, il est recommandé de l’y confronter progressivement pour induire une désensibilisation.

Toutefois, il est primordial de comprendre qu’un chien est un animal qui ne pourra jamais apprécier la solitude, quelle qu’elle soit, veillez donc à prévenir et à minimiser le plus possible les situations d’isolement notamment en faisant appel à un.e dogsitter de confiance, en adoptant un autre chien ou en emmenant votre chien avec vous lorsque cela est possible.

En cas de trouble sévère d’anxiété de séparation ne semblant répondre à aucune mesure de désensibilisation mise en place par vos soins, il est vivement recommandé de prendre contact avec un.e spécialiste en comportement canin de qualité. Dans ce type de situation précise, il est d’avantage conseillé de faire appel à un.e vétérinaire comportementaliste qu’à un comportementalise ou éducateur canin car il s’avère parfois nécessaire de médiquer votre animal après qu’un examen médical complet ait été réalisé et qu’aucun autre trouble hormonal ou métabolique pouvant également expliquer ces comportements n’ait été mis en évidence.